Savoir faire savoir ENSAPC Ygrec

17/06/16 > 23/07/16

expo OR

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©Aurélien Mole
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Dossier de presse

Commissariat :Corinne Digard et Anne-Lou Vicente

 

Artistes : Laëtitia Badaut-Haussmann, Mélanie Blaison, Roxane Borujerdi, Jagna Ciuchta, Rodolphe Delaunay, Louise Hervé & Chloé Maillet, Emmanuel Lagarrigue, Elodie Lecat, Guillaume Linard-Osorio, Chloé Quenum, et les élèves des collèges Mende France (Paris 20e), Collette Besson (Paris 20e), Beaumarchais (Paris 11e), Colonel Fabien (Montreuil, 93), Pierre Brossolette (Bondy, 93), René Cassin (Noisy-le-Sec, 93), République (Bobigny, 93), Madame de Sévigné (Gagny, 93), Aimé et Eugénie Cotton (Le Blanc-Mesnil, 93), Beau Soleil (Chelles, 77).

Conception graphique : Studio SA*M*AEL et Claire Barrow.

 

Que reste-t- il de l’expérience ? Que transmettent les œuvres auxquelles elle a donné matière et donne sens ? Que (ne) montrent-elles, (ne) disent-elles (pas) ? Mémoire et langage, impression et expression sont autant de notions en jeu à la fois dans l’expérience de création collective proposée par Orange Rouge et à travers les œuvres qui en procèdent, la contiennent et en véhiculent les traces (in)visibles et/ou (in)audibles — et autres traductions (il)lisibles. Oscillant entre réel et fiction, intérieur et extérieur, je et un autre, l’exposition fait apparaître des manières d’être, de faire, de voir, de dire voire de raconter, et révèle moins des savoir-faire que des façons de (ne pas) faire savoir. Envisagée à la fois comme l’antichambre et la boîte noire de l’exposition « savoir faire savoir », une publication réunit une sélection de documents transmis par les artistes en cours de production et de photographies réalisées par Nicolas Giraud lors des ateliers avec les adolescents, ainsi qu’un texte d’Anne-Lou Vicente intitulé L’image pensée : correspondances (pour mémoire).

 

Note d’intention

Perspective et lignes de (rétro)projection

Arts de (dé)faire
Le projet que propose Orange Rouge revêt une rare singularité dans le champ de l’art contemporain. S’inscrivant dans un cadre très spécifique (le dispositif des Ulis, Unités localisées pour l’inclusion scolaire) au sein de collèges de Paris et d’Île-de-France, il se saisit en même temps qu’il s’en libère de ce point d’ancrage pédagogique pour le (dé)tourner vers la création artistique dans une visée expérimentale et émancipatrice. Si la transmission de savoirs (et de savoir-faire) est de mise, il ne s’agit pas pour les artistes invités de faire figure de savants professeurs – qu’ils peuvent être par ailleurs –, ni de traiter les adolescents en élèves – qu’ils sont déjà -, mais de guider ces derniers dans la participation à la réalisation d’une œuvre collective destinée néanmoins à faire partie intégrante de leur production artistique propre.
Outre les questions qu’il soulève en termes de signature, de statut et de fonction (de l’œuvre, mais aussi de chacun des acteurs du projet), de hiérarchies et de conventions (pédagogiques, artistiques mais aussi socioculturelles, voire sociopolitiques), ce contexte unique en son genre, jouant de déplacements et de décadrages, est propice à une perpétuelle et nécessaire invention du quotidien, de l’art et de son régime de faisabilité comme de visibilité / lisibilité. Artistes et commissaires, enseignants et adolescents : toutes les personnes engagées dans l’aventure évoluent sur des sables (é)mouvants. L’instabilité, la non maîtrise partielle des événements et du processus d’apparition des œuvres comme de l’exposition qui, in fine, les réunira font de l’exercice un véritable défi, et de l’expérience à la fois singulière et plurielle qu’il induit un précieux « bien commun ».

Partage du sensible
De cet ensemble d’expériences individuelles et collectives hors du commun va progressivement émerger une série d’œuvres indépendantes les unes des autres – et pourtant foncièrement liées entre elles – qu’il s’agira d’exposer en temps voulu, et en un lieu choisi. Je souhaite que cette exposition, si elle entend montrer, rassembler et agencer les œuvres qui auront vu le jour à l’issue des différentes séances d’ateliers de pratique artistique et de sorties culturelles menées avec les groupes d’adolescents sur une période plus ou moins étendue courant de janvier à juin 2015, donne aussi à (entre)voir – d’une manière ou d’une autre, et selon la forme la plus adéquate possible – cette phase aussi préliminaire que fondamentale dont chacune de ces œuvres procèdera, et qui en composera, au moins en partie, la sève. En faire abstraction reviendrait à nier la force, la spécificité et l’intérêt mêmes du projet Orange rouge qui consiste avant tout en la rencontre, en quelque sorte, de deux « mondes », et une rencontre qui se veut pour ainsi dire productive. Si en l’occurrence l’œuvre constitue pour les artistes une finalité – mais pas nécessairement une fin en soi –, les moyens mis en œuvre en vue de sa réalisation ont ici toute leur importance en ce que, à double titre, ils donnent un sens.
Effectué auprès de chaque artiste dès son projet engagé, un travail de collecte (textes et images) viendra ouvrir et articuler un espace de pensée et de dialogue (avec les artistes mais aussi, potentiellement, entre eux) et nourrir un corpus documentaire élargi destiné à servir de matériau d’écriture curatoriale – et si possible, éditoriale – sous tendue par un faisceau de questions évoluant notamment autour des notions de transmission et de transcription, de mémoire et de trace, du visible et de l’invisible, du dicible et de l’indicible. Ainsi préexisterait à l’exposition – et coexisterait potentiellement avec elle – une sorte de « boîte noire » qui en formerait le substrat offrant, a posteriori, la possibilité, sinon de (sa)voir, du moins d’imaginer ce qui (se) sera effectivement produit, et, dans une certaine mesure, comment.

Anne-Lou Vicente, novembre 2014.

Anne-Lou Vicente – Commissaire invitée 2014-2015

Anne-Lou Vicente (1979) est critique d’art, éditrice et commissaire d’exposition indépendante. Elle a fondé en 2010 la revue d’art contemporain sur le son VOLUME dont elle co-dirige depuis la publication. En 2013, elle a été co-commissaire en résidence au centre d’art La Maison populaire à Montreuil où elle a développé sur une année le cycle d’expositions en trois volets Le Tamis et le sable articulé autour des notions de transmission et de mémoire, dont elle a co-édité et co-dirigé la publication éponyme. En 2014, dans la lignée des problématiques et enjeux critiques véhiculés à travers la revue VOLUME et ses extensions (programmation de performances, séances d’écoute, expositions, conférences, workshops, etc.), elle a co-fondé la plateforme éditoriale et curatoriale What You See Is What You Hear.