Contingences Mairie du 9e arrondissement

16/10/10 > 29/10/10

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©Cécile Bourne-Farrell
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Dossier de presse

Commissariat : Corinne Digard et Cécile Bourne-Farrell

 

Artistes : Hermine Bourgadier, Franck David, Vincent Ganivet, Djamel Kokene, Hans-Walter Müller, Marylène Negro, Flavie Pinatel, Cyril Seguin, Seulgi Lee, Claudia Triozzi, avec les adolescents des collèges Lamartine (Paris 9e), Yvonne Le Tac (Paris 18e), Iqbal Masih (Saint-Denis, 93), Victor Hugo (Cachan, 94), Nicolas de Staël (Maison-Alfort, 94), Pierre Alviset (Paris 5e), Liberté (Drancy, 93), Jacques Prévert (Paris 6e), Politzer (Bagnolet, 93), Jean Jaurès (Villepinte, 93).

 

 

« L’exposition Contingences regroupe dix artistes qui ont répondu à l’invitation de l’association Orange Rouge en menant durant une année scolaire un projet artistique avec des enfants en difficulté dans dix UPI (Unité Pédagogique d’Intégration) réparties sur toute l’Île-de-France. Ces projets, conduits par Orange Rouge, ont été réalisés en étroite collaboration avec une équipe enseignante qui développe tout au long de l’année un travail spécifique auprès d’adolescents en situation de handicap dans ces collèges.
Dans ce cadre, trois acteurs principaux collaborent ; l’artiste, l’équipe pédagogique et les enfants qui, ensemble durant les 10 mois, sont associés aux recherches de l’artiste, ses réflexions et ses interrogations en réalisant un projet artistique inédit. Pour la première fois, l’initiatrice et directrice d’Orange Rouge, Corinne Digard, a décidé de restituer les projets réalisés au cours de l’année 2010 pour sortir les enfants de l’anonymat. Comme le souligne la philosophe Cynthia Fleury il s’agit « d’apparaître en public sans avoir honte, les sujets ont besoin de différentes formes de reconnaissance sociale pour pouvoir avoir des espaces publics où le paradigme de la reconnaissance fonctionne. Refuser à l’autre sa visibilité sociale, c’est ni plus ni moins lui refuser une valeur sociale » . Dans ce sens, cette exposition met en exergue, de façon exemplaire, les croisements opérés entre les enfants et le champ de l’art contemporain qui lui se place délibérément entre les normes de notre société. Les faire se rencontrer est un défi dont nous comptons rendre compte publiquement à l’occasion de cette exposition.
La méthode se met en place dans un premier temps selon les intentions du projet formulées en amont par l’artiste qui tente de les suivre en fonction des contingences et impératifs des différents acteurs. La mise en place des projets se trouve souvent modifiée voire bouleversée devenant parfois moins linéaire que ne l’imaginait l’artiste initialement. Selon les propositions, certains se sont faits dans les classes, dans des ateliers, d’autres se sont déroulés ponctuellement en extérieur, par exemple au Jardin des Plantes pour Marylène Négro ou au Luxembourg pour le paysagiste Cyril Seguin. Lors de cette mise en place, les artistes se confrontent à la réalité des adolescents pouvant souffrir de troubles du comportement, de déficience mentale ou de problèmes cognitifs avec lesquels ils composent. Les artistes procèdent de façon empirique pour donner ainsi la possibilité d’amener les enfants à envisager autrement leur rapport social. La proximité avec la pratique de l’art ouvre ainsi d’autres perspectives qui sont relatives à la façon dont les artistes travaillent autant dans le champ de l’architecture, de la photographie, de l’installation, du paysage, de la vidéo ou de la chorégraphie.

 

Les propositions se déclinent ici selon trois axes de recherche:
D’un côté les artistes qui ont réalisé des œuvres dont le propos est celui du détournement d’usages et/ou d’objets du quotidien : pour Vincent Ganivet il a été ici question de réaliser des formes géantes tores et sphéroïdes, comme un « donut » ou un « mars ». Pour Djamel Kokene, il s’agissait d’interpréter le mode d’emploi du montage de meubles Ikea pour des mal-voyants. Ces deux propositions invitent au décalage des usages de notre société qui renvoie à la fonction symbolique des choses de notre quotidien.
D’autres ont plutôt construit des fictions à partir de leur propre conception de l’espace collectif, comme par exemple Cyril Seguin et les jardins miniatures conçus par les enfants après de longues maturations autour de la restitution d’espace entre le dessin, la coupe et les volumes. Flavie Pinatel a réalisé sous forme de vidéo le portrait des enfants mis en scène. Hermine Bourgadier a photographié les enfants individuellement de ¾ avec un attribut du super-héros de leur choix.
Le rapport à l’imaginaire dans un esprit d’observation et de relation à l’autre a été privilégié à travers le travail vidéo de Marylène Négro qui a proposé aux enfants de filmer des animaux. Le rythme et le respect des images montrent, comme le souligne Buffon, que « s’il n’existait pas d’animaux, la nature de l’homme serait encore plus incompréhensible ». Hans-Walter Müller a invité les enfants à construire une maison utopique, dont la conscience est définie par l’inscription d’un objet de pensée ou par sa transparence. Franck David a travaillé avec les enfants sur la réédition des textes de grands classiques du cinéma pour réaliser un nouveau scénario édité conjointement. Seulgi Lee a conçu et réalisé une immense forme sculpturale en toile de spi autour de la notion de chimère. Enfin, Claudia Triozzi, chorégraphe et performeuse, a proposé au cours de sa résidence, de travailler avec les enfants pour formuler des sentiments autrement et saisir comment on agit en interaction dans le collectif.
Orange Rouge se donne les moyens de produire et de réaliser dans des situations uniques des projets d’artistes qui ont déjà une belle visibilité dans le champ de l’art contemporain. La possibilité d’amener les enfants à envisager autrement leur rapport social avec des artistes contemporains crée des stimuli physiques qui jouent le rôle d’occasions plutôt que de causes ; la réaction dépend, plutôt que des propriétés matérielles des stimuli, de leur signification vitale. Ainsi entre les variables d’où dépend effectivement la conduite, apparaît un rapport de sens, une relation intrinsèque et contingente qui est proposée dans cette exposition. »

 

Cécile Bourne-Farrell

 

Cécile Bourne-Farrell – Commissaire invitée 2009-2010

Cécile Bourne-Farrell travaille pour des structures privées et publiques dans le champ de l’art contemporain avec l’association chooseone. Commissaire-invitée du centre de la Photographie Île-de-France en 2009 avec les projets « Autres mesures » ou « This is Now 1&2 » à Johanesbourg et Rabat. Critique et membre de nombreux jury, Cécile Bourne-Farrell a été conservateur-adjointe à l’Arc/Musée d’art moderne de la Ville de Paris. Elle développe des projets culturels et citoyens tant avec la méthode des nouveaux commanditaires pour laquelle elle a été mandatée par la Fondation de France en Espagne, que par la mise en place de dispositifs différents d’exposition avec l’Ecole des Beaux-Arts de Kinshasa, Synesthésie à Saint-Denis ou L’appartement22 à Rabat.