Le temps est le tigre Centre d'Arts Plastiques de Saint-Fons

16/02/13 > 06/04/13

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Dossier de presse

A l’occasion de cette exposition au Centre d’Arts Plastiques de Saint-Fons, l’artiste Jesus Alberto Benitez a présenté, entre autres, Continuité, fixité et retour, œuvre réalisée dans le cadre de son projet Orange rouge avec les élèves de l’ULIS du collège Auguste Delaune de Bobigny (93).

 

« Sous l’influence de groupes de Death Metal et de musique expérimentale électro acoustique, Jesus Alberto Benitez, né en 1978 à Valencia au Venezuela, prête très tôt attention aux subtilités de ses outils de travail.
Alors guitariste dans un groupe, il explore les moindres variations de son instrument – pédales de distorsion, amplificateurs, cordes de guitares, qualités d’enregistrement, textures de son. Bercé par le grindcore de Napalm Death et le speed metal de Slayer, Benitez veut devenir musicien mais découvre par hasard le dessin et la photographie, deux médiums qu’il mélange sans aucune distinction et qui formeront ensuite le pilier de son œuvre. Installé en Europe pour ses études et aujourd’hui à Lyon, la musique reste très présente dans sa pratique. Son traitement des tirages photographiques est similaire aux différentes versions d’un morceau de musique – d’où l’importance d’une pratique concrète d’atelier qui intègre sans cesse les contingences extérieures et assume les erreurs de fabrication dont l’artiste imite volontairement les effets (papier plié, bâche ondulée, tissu froissé, traces de scanner, marges inégales). L’emploi du papier photosensible incarne cette attention au hasard : il travaille à partir de rouleaux déjà altérés par la lumière qu’il utilise directement ou laisse volontiers s’abîmer au soleil dans l’atelier. Il cite l’influence marquante des Yellow Movies amorcés dans les années 1970 par Tony Conrad, des peintures au format d’un écran qu’il laisse vieillir et jaunir sans limite et qui ont le même statut qu’une pellicule de film. Benitez utilise la peinture au spray comme un « projecteur » et dans un même esprit d’indétermination – elle échappe au contrôle du geste sans définir de ligne précise. L’importance de la matérialité des supports empêche toute distinction entre l’objet et l’image – parmi les références de l’artiste, on citera Wade Guyton, Walead Beshty, Sigmar Polke et les photographies de sculptures de Constantin Brancusi. Ainsi, une photographie scannée, pliée, et imprimée sur papier affiche est le résultat de nombreux essais sur la qualité du papier, de l’encre et du processus d’impression sur traceur. Ses photographies reflètent la dimension cruciale et tautologique de l’outil de fabrication et de la machine de travail (par exemple, une presse dans un atelier d’estampe). Par ailleurs, la nature éphémère de son matériel a guidé quantités de lectures sur la physique, la constitution de la matière, les théories de l’origine et de l’espace temps. »

Florence Ostende in : Les Prairies, Ateliers de Rennes, 2012.